Lors de mon passage à l'émission d'RTL le 13 octobre dernièr j'eus l'agréable surprise de recevoir un livre de Monsieur Jacques Charpentier : Vagabondages à travers le Congo, la Centrafrique et d'ailleurs... L'Harmattan - 2006.
Monsieur Charpentier participa dès 1949 aux diverses missions hydrographiques sur les différends fleuves du Congo et de l'Oubangui. Il passa 40 ans dans toute cette zone. Il se rendit plusieurs fois au lac Télé entre 1949 et 1954. Il obtînt des renseignements précis par un sergent qui connaissait bien la région et qui était de cette région, un guerrier Bomitabas. Il apporta le rapport ci - dessous à Monsieur Charpentier.
" BREF APERCU SUR LA REGION DE LA LIKOUALA AUX HERBES ET SES REALITES - LAC TELE."
Par le Sergent Gilbert
Le lac Télé se situe à près d'une centaine de kilomètres au sud ouest d'Epena. L'inondation dans la région ne permettant pas l'établissement d'une voix directe allant d'Epena au lac, on est donc obligé de redescendre le cours de la Likouala aux Herbes jusqu'à Boha, petit village situé à près de 55 kilomètres, à partir duquel on emprunte une piste jusqu'au lac.
- la réussite d'une mission quelconque au lac dépend du consentement des autochtones et de la confiance qu'ils peuvent accorder aux missionnaires.
- entendre parler de l'existence d'un monstre ne paraît pas étonnant aux habitants de cette région car notre rivière, la Likouala Aux Herbes renferme bien des monstres connus sous le nom de Mokelembembe, ce sont :
1/. Le Mahamba
2/. Le Mbielou - Mbielou - Mbielou
3/. Le Emela - Ntouka
- Le Mahamba résulte de l'évolution du caïman géant, communément appelé Nkoli par les originaires. Une fois atteint le stade du Mahamba ce monstre creuse un tunnel d'environ 500 mètres voire 1 kilomètre, qui se termine par un gros trou dans lequel il se repose.
- le Mbielou Mbielou Mbielou selon les commentateurs autochtones apparaît souvent au milieu de la rivière à des heures où celle - ci semble le plus calme possible. Son apparence reflète des branchages morts semblables aux cornes d'une antilope.
- L'Emela - Ntouka a une description qui renvoie au rhinocéros. Les autochtones ajoutent qu'il est en mesure de barrer toute la rivière, provoquant ainsi une chute d'eau.
Passons au lac proprement dit :
Etant originaire du petit village de Boha et m'étant rendu plus de cinq fois au lac, j'ai pu vivre certaines expériences dont trois me sont restées mémorables.
- au cours d'une pêche nocturne ayant tenté d'éclairer la berge du lac par ma lampe torche, grande a été ma surprise de voir ma lampe torche s'éteindre brusquement, l'ampoule grillée et le verre cassé. L'expérience a été également vécue par des personnes autres que moi.
- le lac n'admet aucun corps étranger. C'est à dire quelque chose une fois jetée au large du lac provoque de violentes vagues qui le ramène à bord.
- un moteur hors bord ne peut jamais naviguer sur le lac, sinon d'un coup sec tout se grille. Hormis ces trois expériences que j'ai vécues, il en existe d'autres.
Il y a par exemple, au lac certains endroits mystérieux fructueux en viande et en poissons, mais dont l'exploitation est extrêmement dangereuse, car une fois que l'on exploite l'endroit, on se retrouve victime des panthères.
Jadis, les environs du lac étaient habités par les pygmées. Ceux ci jour après jour avaient remarqué l'agrandissement du lac et entendaient des bruits horribles issus des manœuvres du monstre. Ainsi, à plus de trois fois, ils tentèrent d'aller à l'encontre du monstre.
Il arriva un jour où un homme et sa femme allant à la pêche remarquèrent des éboulements provoqués la veille par le monstre. Ils comprirent que c'est de là que résultaient les horribles bruits qu'ils entendaient chaque nuit. Ayant localisé l'endroit, ils allèrent aussitôt alerter les autres et un plan d'action fut arboré pour l'anéantissement du monstre.
Dans une première et seconde fois, les pygmées réussirent d'atteindre la bête, cependant celles ci se sauvait toujours en se jetant dans le lac. C'est à ce moment qu'ils conçurent l'idée de construire des barrages le long de la piste qu'empruntait le monstre. Il y avait au total neuf barrages. Ils décidèrent enfin d'attaquer le monstre à coups de sagaies et chaque fois les barrages constituaient un obstacle dans la progression en direction du lac. Ce n'était qu'après avoir franchi le neuvième barrage que le monstre succomba.
A cet endroit où il succomba, les pygmées voyant le monstre qui paraissait être debout, pensèrent que l'endroit était peu profond. Ils tentèrent alors par des perches de mesurer la profondeur, mais malheureusement ces perches n'atteignirent jamais le fond ? ( ces précisions servent uniquement à nous donner une idée sur la hauteur que pouvait atteindre le monstre ).
Ne pouvant atteindre le sol, le dépècement fût fait à la nage, des pirogues de viande furent remplies. Alors à la grande surprise ce n'était que le lendemain en revenant, nos chasseurs retrouvaient la bête sans aucune égratignure. Elle redevenait intacte, dit -on. Cela ne fît malheureusement pas peur à nos pygmées qui se contentèrent de manger. Tous moururent rapidement, sauf un seul; celui - là, un voyant, n'avait pas participé à l'opération. Il fût le seul survivant de ce village et le seul témoin de l'enlèvement. Ce village , de nos jours, existe encore.
Ces témoignages qui semblent fictifs sont pourtant vrais. Tous les habitants de Boha le savent; et ce que je rapporte n'est autre que le témoignage de mon grand - père et celui de certains vieux de Boha qui vivent à l'heure actuelle. Ce désastre fut l'objet de démarches auprès des féticheurs et c'est de là que sera interprété le message du monstre qui interdisait à sa femelle et à ses deux petits de ne plus poursuivre l'entreprise, qui était d'agrandir le lac et le déboucher dans les cours d'eau. L'endroit où se trouve le monstre actuel paraît être bien connu par les habitants de Boha, mon grand - père, avant sa mort, m'avait montré le prétendu endroit.
Si de nos jours, les savants parlent de l'existence d'un monstre au lac, cela n'est pas pour nous une surprise, non plus une découverte, mais plutôt une confirmation de ce que nous connaissons déjà.
Toutefois je dois vous affirmer que le lac n'est pas navigable et que la traversée en diamètre est pratiquement impossible car j'ai tenté vainement l'expérience. Mais le tour est possible et s'effectue en 12 heures. Les bêtes qui inondent le lac sont les pythons et les caïmans que l'on rencontre le long du trajet.
Le lac ayant ses réalités ancestrales, les missionnaires chercheurs ont intérêt à contacter les vieux et notables du village de Boha qui pourront à leur tour organiser des cérémonies traditionnelles leur permettant de mieux mener les entreprises. Sans quoi la mission pourra facilement échouer.
En résumé, si je me suis assigné le devoir de vous donner en quelques lignes ce bref aperçu, c'est pour éclairer certains responsables du pays qui semblent ignorer l'importante richesse que couvre ce lac. Dans le souci d'éclairer les masses congolaises sur la réalité du lac, nous demanderons à nos responsables de mettre en place un groupe de chercheurs qui se rendra compte sur place des réalités, car çà et là dans les rues de Brazzaville l'on ne cesse d'entendre les commentaires les plus épouvantables. Le moment étant venu pour l'histoire qui poursuit son chemin, nos chercheurs sont mieux placés pour en dire mieux.
4 comments:
Vraiment intriguant. J'aimerais tellement participer à une expédition. Qu'est-ce que les caméras ont donné comme informations?
Bonjour,
Merci pour l'intérêt que vous portez à mes recherches.
Les caméras dites pièges, trophy cam sont posées depuis milieu de l'année 2013; impossible d'aller les récupérer lors de notre dernière mission de juillet dernier à cause des très mauvaises conditions météos sur le fleuve Dja qui a subi une pluviométrie totalement anormale cette année. Les eaux du fleuve étant montées de plusieurs mètres les rapides devinrent très dangereux pour passer certaines chutes. Nos caméras sont placées à environ 100 kilomètres de toutes zones habitées.
Ce sont des éléments essentiels à nos recherches et nous avons pu observer sur les cartes mémoires récupérées au cours de ces dernières années une grande partie de la faune endémique de cette région.
Et pour nous accompagner pour une expédition, contactez nous.
Restant à votre disposition
Cordialement
Michel Ballot
Merci de l'information.
Daniel Boyer, ingénieur forestier
ps: je ne suis pas prêt à partir. J'ai un nouveau poste et je dois accomplir certains défis. Mais on ne sait jamais!
Merci pour votre réponse
Le jour ou vous sentirez l'appel de forêt venir n'hésitez pas. Et en plus avoir dans notre équipe un ingénieur forestier serait vraiment un plus
Cordialement
Michel
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